GURU RINPOCHE, MAITRE ET YIDAM

Dans l’école Nyingmapa, Guru Rinpoche prend une dimension universelle étant avant tout la personnification de tous les maîtres spirituels. Il est le Bouddha des trois temps, le protecteur des êtres, tantôt paisible, tantôt courroucé, se manifestant sous divers aspects, moines ou yogi, afin de développer les qualités de l’éveil.
Objet d’un culte important, Guru Rinpoche est le maître par excellence à qui va la dévotion des pratiquants. C’est pourquoi de nombreux Guru-Yoga et d’innombrables pratiques lui sont consacrées. Dans le Guru Yoga, le pratiquant visualise son propre maître sous la forme de Guru Rinpoche.

LA NAISSANCE DE GURU RINPOCHE

Guru Rinpoche, aussi connu sous le nom de Padmasambhava, n’est pas né de l’union ordinaire d’un homme et d’une femme. Sa naissance fut un événement miraculeux, transcendante à la nature ordinaire des êtres, et elle est décrite comme un processus mystique aux profondeurs spirituelles insondables.
Il est dit que le Bouddha Amitabha, motivé par une compassion infinie, décida de manifester une émanation pour répondre aux besoins spirituels des êtres vivants sur terre. Il conçut que le lieu propice pour cette manifestation serait le lac sacré de Dhanakosha, situé au nord-ouest du pays d’Oḍḍiyāna, connu sous le nom d’Orgyen en tibétain. Certains érudits situent cet endroit dans le sud-ouest du district du Gilgit, dans l’actuel Cachemire pakistanais.
Dans cet acte de manifestation, le Bouddha Amitabha fit jaillir de sa langue un rayon de lumière rouge qui pénétra le centre du lac. Ce rayon créa un îlot aux herbes dorées, éclatant de pureté. Au centre de cet îlot apparut un magnifique lotus, épanoui comme un joyau au cœur de l’eau. Depuis son propre cœur, Amitabha fit jaillir un Dorje d’or, symbole indestructible de la sagesse ultime, qui se posa au sommet du lotus.
C’est alors que Guru Rinpoche se manifesta miraculeusement. Rayonnant d’une lumière éclatante, il apparut comme un enfant de huit ans, assis sur la grande fleur ouverte. Dans ses mains, il tenait un Dorjé et un lotus, symbolisant l’union de la sagesse et de la compassion. Sa présence resplendissante représentait la perfection innée des qualités éveillées et la promesse d’illuminer le monde par ses enseignements et ses actes.
Cette naissance mystique, au-delà des lois naturelles, illustre l’émanation directe d’un être pleinement éveillé pour le bien des êtres.
Cette naissance mystique, au-delà des lois naturelles, illustre l’émanation directe d’un être pleinement éveillé pour le bien des êtres.

LA FORMATION

Après sa manifestation miraculeuse, Guru Rinpooche fut recueilli par le roi Indrabhuti, souverain du royaume d’Oḍḍiyāna. Le roi, profondément affligé par la perte de son fils unique et désespéré de ne pas avoir d’héritier, considéra la venue de Guru Rinpooche comme une bénédiction divine. Il l’adopta, le proclama prince héritier et, lorsque le moment fut venu, le maria à la princesse Basadara.
Cependant, Guru Rinpooche, pleinement conscient de sa mission spirituelle, réalisa rapidement que la vie royale entraverait l’accomplissement de son destin. Afin de rompre avec cette existence mondaine, il commis volontairement plusieurs actes considérés comme des meurtres, mais qui, en réalité, activaient le karma des individus concernés et libéraient leur esprit. Ces actes, bien qu’incompris à l’époque, furent accomplis avec une profonde intention de compassion. Ce comportement conduisit à son bannissement du royaume, lui permettant ainsi de poursuivre sa destinée.
Exilé, Guru Rinpoche se consacra à une quête intense de réalisation spirituelle. Il passa de nombreuses années à méditer dans les charniers, lieux symboliques de renoncement et de transformation spirituelle, où il transcenda les peurs et les attachements mondains. Parallèlement, il approfondit l’érudition de son époque et reçut des enseignements tantriques de nombreux maîtres qualifiés. Ces transmissions incluaient des initiations et des pratiques secrètes destinées à éveiller la sagesse ultime. Au cours de cette période, il reçut également l’ordination monastique, adoptant les préceptes du renoncement.
Bien qu’il fût une émanation directe d’un Bouddha et qu’il possédât immédiatement la connaissance ultime, Guru Rinpoche suivit cette formation en tant qu’exemple pour les êtres ordinaires. Il démontre ainsi que même les plus grandes réalisations spirituelles exigent de s’en remettre à un maître spirituel, ainsi que de faire preuve de discipline, de dévouement et de pratique. Son parcours illustre l’importance de l’effort et de l’humilité, offrant un modèle inspirant pour tous ceux qui aspirent à suivre la voie de l’éveil.

GURU RINPOCHE ET MANDARAVA

Mandarava était la fille d’Arshadhara, roi de Zahor, une région correspondant aujourd’hui à Mandir, dans l’état de l’Himachal Pradesh, au sud-ouest de l’Inde. Douée de grandes qualités spirituelles et animée d’une foi profonde, elle refusa de se marier malgré son rang princier. Elle choisit d’embrasser la vie monastique et fut suivie dans ce chemin par ses 500 servantes, qui devinrent nonnes à ses côtés.
Guru Rinpoche, comprenant que le moment était venu de transmettre des enseignements profonds à Mandarava, se rendit au Zahor par des moyens miraculeux, volant jusqu’au monastère des nonnes. Il leur prodigua des instructions spirituelles et initia Mandarava à des pratiques tantriques avancées. Cependant, un bouvier malveillant, témoin de ces événements, diffama Guru Rinpoche en prétendant qu’un homme étranger avait infiltré la communauté des religieuses.
Le roi, furieux en entendant ces rumeurs, envoya immédiatement des gardes pour capturer Guru Rinpoche et sa fille. Mandarava fut condamnée à être emprisonnée pendant 25 ans dans une fosse remplie d’épines, scellée par un couvercle, tandis que Guru Rinpoche fut condamné à être brûlé vif. Un immense bûcher fut érigé, les fagots arrosés d’huile de sésame pour alimenter un feu d’une intensité sans précédent. Les flammes s’élevèrent si haut que le ciel en fut obscurci pendant sept jours.
Lorsque le roi envoya des émissaires pour vérifier les cendres, ils furent stupéfaits de découvrir, à la place des restes attendus, un magnifique lac. En son centre se trouvait une fleur de lotus éclatante sur laquelle siégeait un enfant radieux d’environ huit ans, qui n’était autre que Guru Rinpoche. Émerveillé et rempli de remords, le roi implora son pardon.
Pour se faire pardonner, le roi offrit à Guru Rinpoche son royaume, ainsi que la main de sa fille Mandarava. De plus, il remit au maître les attributs royaux, notamment la coiffe et le manteau royaux du Zahor. Ces offrandes symbolisaient son humilité et sa totale soumission au Dharma. La coiffe royale et le manteau devinrent par la suite des attributs distinctifs de Guru Rinpoche, qu’il porta en souvenir de cet événement et pour signifier son rôle en tant que protecteur des enseignements et guide souverain des êtres.
Guru Rinpoche accepta ces offrandes et convertit le roi, la cour et les sujets au Dharma. Il resta dans le pays de Zahor pendant 200 ans, enseignant et établissant des bases solides pour le bouddhisme. Quant au lac formé à l’issue de cet événement miraculeux, il devint un lieu sacré connu sous le nom de Rewalsar en hindi et Tsopema en tibétain. Aujourd’hui encore, ce site attire de nombreux pèlerins tibétains et pratiquants bouddhistes qui viennent y méditer et honorer cet épisode extraordinaire de la vie de Guru Rinpoche.

LE SEJOUR AU TIBET

Après bien d’autres épisodes en Inde, la vie de Guru Rinpoche prit un tournant lorsque, dans la deuxième moitié du VIIIe siècle, il fut invité à venir au Tibet par le roi Trisong Detsen sur le conseil de l’abbé de Zahor, Shantarakshita, afin de soumettre les forces négatives qui empêchaient l’établissement du Dharma, notamment la construction de Samye, le premier monastère du Pays des Neiges.

Avant de se rendre au Tibet, Guru Rinpoche s’arrêta d’abord au Népal, où il se consacra à une retraite spirituelle  avec la princesse Shakya sa consorte Népalaise dans la grotte de Yanglecho à Parping. Ensemblent ils pratiquèrent  intensivement la divinité Dorje Purba (Vajra Kilaya), une pratique puissante visant à subjuguer les forces négatives et à purifier les obstacles. Cette préparation était essentielle pour qu’il puisse accomplir efficacement sa mission  au Tibet.

En route pour Samye, il soumit de nombreuses divinités locales qui devinrent des protecteurs du Dharma. Il permit ensuite l’édification du monastère, dont le plan correspond à la représentation de l’univers et de consacrants en compagnie de Shantarakshita.

Il est dit que le premier jour de la consécration, Guru Rinpoche s’assit en méditation. Bientôt, les statues du premier niveau sortirent du temple, effectuèrent trois circumambulations, puis allèrent se placer à l’est, attendant la fin du rituel pour réintégrer leur place. Le deuxième jour, les statues du deuxième niveau agirent de même et le troisième jour, celles du troisième niveau. L’ensemble du rituel fut exécuté huit fois, à la suite de quoi le monastère fut déclaré entièrement consacré.

Guru Rinpoche demeura au Tibet quelques 35 années, au cours desquelles il se consacra à la diffusion du bouddhisme, à l’organisation de la traduction des textes sanskrits, à la formation de nombreux disciples et à la retraite.

LE DEPART DU TIBET

Padmasambhava, donc Guru Rinpoche, quitta le Tibet alors que le roi Trisong Détsen était mort et que régnait son second fils, Moutik Tsènpo. Le moment venu, il annonça qu’il se rendrait bientôt en Chamara, le pays des Rakshasa, et gagna le col de Gounthang dans la région de Mangyul. Le roi des chevaux, Balaha, se présenta alors dans le ciel pour l’emmener.
Le dicte de Padma décrit de manière émouvante le départ du maître :
Il monta l’hippogriffe de merveille.
Les héros des quatre ordres orientèrent le coursier
et, dans la lumière irisée, enveloppé, il partit en plein ciel (…)
D’entre les rayons de soleil, s’en allant comme un corbeau,
avançant, palpitant dans la lumière, il s’éloignait.
Bientôt il fut comme un ramier, puis comme un moineau,
comme une abeille, comme une bulle infime qui s’en allait.
Et on ne le vit plus avec les yeux.

CHAMARA ET LA GLORIEUSE MONTAGNE DE CUIVRE

Depuis lors, Guru Rinpoche réside dans le pays de Chamara, Nayap en tibétain, présenté dans la cosmologie traditionnelle comme une des deux îles, celle de l’Est, flanquant le continent de Jambuvipa, ici assimilée à l’Inde.
Chamara, dont le nom signifie « Queue de Yaks » ou « Chasse-Mouches », est le plus souvent identifié au Sri Lanka, bien que certains auteurs pensent qu’on puisse y voir Madagascar, l’Australie ou encore d’autres contrées. Le pays est peuplé de Rakshasa, Trinpo en tibétain, des démons cannibales que Guru Rinpoche s’emploie à tourner vers le Dharma.
Au centre de l’île s’étale un grand lac au milieu duquel s’élève une montagne, la glorieuse montagne couleur de cuivre, Zangdo Palri, qui est le champ pur de Guru Rinpoche. Couronnant le sommet de la montagne s’élève un palais à trois niveaux :

 

  • Le premier est occupé par Guru Rinpoche lui-même, représentant le corps d’émanation.
  • Le deuxième par Tchenrezi, représentant le corps de gloire.
  • Le troisième par le Buddha Eupamé, représentant le corps absolu.

LES VING-CINQ DISCIPLES

Guru Rinpoche eut de très nombreux disciples lors de son séjour au Tibet. Vingt-cinq d’entre eux, dont la liste connaît quelques variantes, sont regardés comme ayant été les plus proches de lui et sont souvent représentés autour de lui sur les thangkas. On les appelle littéralement les vingt-cinq disciples, Djé-bang-nyer-na en tibétain.
Au premier rang d’entre eux, on compte le groupe des trois : seigneurs, sujets et amis.
  • Le Seigneur, le roi Trisong Détsèn, qui fut l’instigateur de la venue de Guru Rinpoche au Pays des Neiges.
  • Le sujet, le moine Vairochana, qui fut le principal artisan du travail de traduction.
  • L’amie, Yéshé Tsogyal, qui fut la parèdre de Guru Rinpoche au Tibet.

LES TERMAS

Un trait particulier de l’enseignement de Guru Rinpoche est qu’il en a laissé une partie sous forme de textes cachés, les Trésors ou Termas en tibétain, destinés à être découverts lorsque le moment serait venu par des êtres prédestinés, les Découvreurs de Trésors ou Tertön en tibétain, regardés comme des émanations de Guru Rinpoche ou des 25 disciples.
Ces Termas, dissimulés dans des grottes, des rochers, des piliers de temples, etc., peuvent se présenter sous forme de textes ou d’objets, et peuvent aussi se révéler directement à l’esprit d’un Tertön. Certains sont décrits en langage ordinaire, d’autres dans la langue symbolique des Dakinis.
Les Termas, essentiellement des textes de pratique et des instructions, sont extrêmement nombreux, et de nos jours, des Tertöns continuent d’en découvrir.

 

LA TRADITION NYINGMAPA DE NOS JOURS

Les pratiquants de la tradition nyingmapa portent une coiffe rouge, légitimant ainsi le nom “l’école des coiffes rouges”. La “Grande Perfection” (Atiyoga) de l’école nyingmapa, la méthode pour l’atteinte de l’état de Bouddha en une seule vie, érigée depuis plus de mille ans, perdure encore de nos jours.

Guru Rinpoche s’était engagé en personne pour que chaque 10ème jour du mois lunaire corresponde à son jour extraordinaire pour la pratique du Dharma et qu’il apparaisse sous un nombre illimité de corps d’émanation. S’il y a des êtres qui le vénèrent et lui font offrande avec ferveur, ceux-ci obtiendront certainement sa bénédiction exceptionnelle et leurs vœux bienfaisants seront réalisés.

Le Bouddha Shakyamouni

Le Bouddha Sakyamuni, Siddhartha Gautama, « le Sage du clan des Sakya », vécut au milieu du Ve siècle, en Inde du Nord.

Les différents véhicules

Les différents véhicules du bouddhisme offrent des voies spirituelles distinctes pour atteindre l’éveil: Theravada, Mahayana, Vajrayana.

La lignée Nyingmapa

La tradition Nyingmapa désigne la plus ancienne lignée du bouddhisme tibétain ; le terme Nyingma signifiant ancien.

Les 4 lignées du Vajrayana

Le Vajrayana tibétain se divise en deux grandes transmissions : L’ancienne diffusion: Nyingma; et la nouvelle diffusion: Kagyupa, Sakyapa et Gelugpa.

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