LE REFUGE DANS LE BOUDDHISME VAJRAYANA

Dans le bouddhisme, la prise de refuge est souvent comparée à l’ouverture d’une porte qui mène sur le chemin spirituel. C’est la pierre de fondation de toutes les voies bouddhistes. Dans le Vajrayana, où le refuge prend une dimension plus profonde, notamment par la centralité du maître spirituel. Cependant, il est crucial de comprendre que le refuge n’est pas une finalité en soi, mais bien le commencement d’un cheminement vers l’éveil.

LA FOI, LA CLÉ DU REFUGE

Ce qui permet d’ouvrir cette porte du refuge, c’est la foi. La foi, ou la confiance, est l’élément essentiel qui nous conduit à rechercher la protection des Trois Joyaux : le Bouddha, le Dharma et la Sangha. Sans cette foi initiale, il est impossible de s’engager pleinement dans le chemin spirituel. Cette foi peut naître de la compréhension intellectuelle ou d’une expérience personnelle de la souffrance, mais elle constitue toujours la base à partir de laquelle on prend refuge. Le refuge devient alors l’acte de s’en remettre aux Trois Joyaux pour trouver un sens profond et un guide dans sa vie.

LE REFUGE, LA PORTE QUI OUVERTURE LE CHEMIN

Le refuge n’est pas une destination finale, mais plutôt une ouverture, un passage vers une vie spirituelle dédiée à la libération de la souffrance. C’est le point de départ qui ouvre la porte sur la voie de l’éveil. Une fois cette porte franchie, tout le travail spirituel commence : purification, accumulation de mérite, pratique méditative et réalisation des enseignements. Ainsi, le refuge marque le début d’un engagement envers les Trois Joyaux, qui nous accompagnent et nous guident tout au long du chemin.

BOUDDHISTE, SE TOURNER VERS L’INTERIEUR

La différence fondamentale entre un bouddhiste et un non-bouddhiste repose sur les vœux de refuge. En tibétain, un bouddhiste est appelé nangpa, ce qui signifie “intérieur”, tandis qu’un non-bouddhiste est désigné par le terme tchiwa, qui signifie “extérieur”. Cela reflète la notion selon laquelle un bouddhiste se tourne vers l’intérieur, vers son esprit, pour trouver la voie de la libération.
Ce qui fait d’une personne un nangpa (bouddhiste) est le fait d’avoir pris les vœux de refuge. En s’engageant à suivre le Bouddha, le Dharma et la Sangha, on devient officiellement un bouddhiste. Le refuge est donc ce qui différencie ceux qui ont choisi de se tourner vers la voie intérieure (le chemin du Bouddha) de ceux qui ne l’ont pas fait.

LE REFUGE DANS LE MAHAYANA

Le refuge dans le Mahāyāna est indissociable du développement de l’esprit d’éveil (boddhicitta). Cet esprit d’éveil est l’intention altruiste de réaliser l’éveil non seulement pour son propre bien, mais surtout pour libérer tous les êtres du samsara. Lorsqu’on prend refuge dans cette tradition, on ne le fait pas simplement pour sa propre libération individuelle, mais on fait simultanément le vœu d’aider tous les êtres à atteindre l’éveil. C’est là une caractéristique essentielle du refuge dans le Mahāyāna, qui élargit l’aspiration au-delà de soi-même pour inclure la totalité des êtres sensibles.

LES PRECEPTES DU REFUGE 

Prendre refuge dans le bouddhisme implique de suivre certains préceptes, qui nous aident à rester alignés sur cette voie. Voici les engagements fondamentaux :
1. Prendre refuge dans le Bouddha : C’est renoncer à chercher refuge auprès de divinités extérieures ou de puissances mondaines. Cela signifie que seul le Bouddha peut être notre guide sur le chemin de l’éveil, car il a réalisé la vérité ultime et peut nous y conduire.
2. Prendre refuge dans le Dharma : Cela signifie adopter un mode de vie qui ne nuit pas aux êtres sensibles. Le Dharma est l’enseignement du Bouddha, et prendre refuge dans le Dharma, c’est s’engager à suivre cette voie de bienveillance et de sagesse.
3. Prendre refuge dans la Sangha : La communauté des pratiquants avancés est une source de soutien et d’inspiration. Prendre refuge dans la Sangha implique de s’éloigner des influences qui pourraient nous détourner du chemin, comme les enseignements extérieurs ou non-bouddhistes (les Tirthikas), qui ne mènent pas à la libération.
Dans le Vajrayana, une attention particulière est donnée à la relation avec le maître spirituel, qui incarne directement les Trois Joyaux. Le maître devient un soutien indispensable pour comprendre et pratiquer le Dharma dans sa profondeur, et pour accomplir des réalisations spirituelles.

LA PLACE DU MAÎTRE DANS LE REFUGE

Le maître, dans le Vajrayana, est perçu comme l’incarnation des Trois Joyaux : son corps est la Sangha, sa parole est le Dharma et son esprit est le Bouddha. Il représente donc l’union parfaite des Trois Joyaux, et de ce fait, il est la clé de la pratique dans ce véhicule. Si l’on coupe le lien avec son maître, on coupe également le lien avec tout le refuge, ce qui explique l’importance capitale de maintenir une relation pure et respectueuse avec lui.
Il est crucial de chercher à réjouir le maître par nos actions du corps, de la parole et de l’esprit, car cela renforce non seulement notre lien avec lui, mais aussi notre engagement dans le refuge. Avoir une grande confiance et une foi inébranlable envers le maître est fondamental pour progresser dans la pratique du Vajrayana, où la relation avec le maître devient l’élément central de la voie spirituelle.

LE RESPECT ENVERS LES OBJETS DE REFUGE

Après avoir pris refuge, il est essentiel de témoigner du respect envers les objets de refuge — le Bouddha, le Dharma et la Sangha — il est crucial de comprendre que cette attitude ne concerne pas tant les objets eux-mêmes, mais bien notre propre esprit. Certains peuvent penser que poser une statue par terre ou avoir un comportement irrespectueux vis-à-vis de ces supports n’a pas d’importance, arguant que le Bouddha est au-dessus de ces considérations matérielles. Cependant, c’est une vision erronée. Les objets de refuge, bien qu’ils ne soient pas affectés par nos actions, nous servent de points de référence sur notre chemin spirituel. En leur témoignant du respect, nous cultivons notre propre capacité à accumuler des graines positives et du mérite. En effet, le respect que nous montrons renforce notre engagement envers notre pratique et notre compréhension des enseignements. Ignorer cette responsabilité peut nuire à notre accumulation de mérite et également affecter l’objet lui-même : un comportement irrespectueux peut voiler sa bénédiction, le privant ainsi de son potentiel en tant qu’objet de refuge. Cela témoigne d’un manque de compréhension des moyens habiles que nous offre la compassion des Buddhas. Ce respect est donc une clé pour maintenir notre progression spirituelle et nous aider à nous relier aux valeurs profondes du Dharma.

Les supports du Bouddha

Ce sont toutes les représentations du Bouddha lui-même. Cela inclut les statues, les images, les thangka, et même des photos représentant le Bouddha ou les grands maîtres qui incarnent ses qualités. Ces objets sont traités avec respect, car ils représentent la forme éveillée que nous aspirons à réaliser.

Les supports du Dharma

Il s’agit de tous les textes sacrés qui contiennent les enseignements du Bouddha. Cela comprend les soutras, les textes de pratique, les commentaires, les livres,  et même un simple papier sur lequel est inscrit un mantra ou un enseignement. Chaque support du Dharma doit être manipulé avec soin et respect, car il porte en lui les paroles et l’enseignement qui nous guident sur le chemin de l’éveil.

Les supports de la Sangha

Ce ne sont tous les vêtements ou tissus de couleur rouge ou jaune qui représente la communauté monastique et des pratiquants avancés. Cela inclut les habits monastiques, comme les shanbtap, les capes de méditation. Il est essentiel de ne pas marcher dessus, les enjamber ou les traiter avec négligence. Si l’on trouve un vêtement monastique ou un tissu rouge ou jaune au sol, il convient de le ramasser et de le déposer dans un endroit respectueux et propre. Ces vêtements représentent la communauté spirituelle et doivent être traités avec la plus grande considération.
En respectant ces supports, on témoigne non seulement de sa foi, mais on cultive également les conditions nécessaires pour recevoir la bénédiction et la protection des Trois Joyaux tout au long de sa pratique.

COMPRENDRE À TRAVERS DES EXEMPLES PRATIQUES

Les vêtements avec des représentations sacrées

Lorsque l’on porte un vêtement avec une représentation d’un Bouddha, des Trois Joyaux, un mantra ou une écriture sacrée, il est essentiel de faire preuve de respect et de vigilance. Ces symboles font partie des objets de refuge et doivent être traités avec une grande considération. Par exemple, il est inapproprié de les placer dans un panier à linge en bas, ou de les laver avec des vêtements comme des pantalons, des sous-vêtements ou des chaussettes. Il en va de même pour le séchage : ces vêtements ne doivent pas être mélangés avec d’autres habits ordinaires.

LES STATUTS DE BOUDDHA DANS LE JARDIN

Dans ces cas-là, il est important de ne pas poser la statue à même le sol. Elle doit être installée sur un support, idéalement surélevé d’au moins un mètre. De plus, il est inapproprié de positionner une statue de Bouddha à côté d’endroits comme une piscine, où l’on pourrait être dénudé, ou dans un recoin négligé. Il est préférable de la placer dans un endroit mis en valeur, afin de maintenir le respect dû à cette représentation sacrée.

LES TATOUAGES

Bien que cette pratique ne soit pas encouragée, certains peuvent souhaiter se faire tatouer des mantras, des divinités ou des Bouddhas. Dans ce cas, il est crucial d’éviter de placer ces tatouages sur le bas du corps, notamment sur les jambes, car cela serait perçu comme irrespectueux et pourrait affecter négativement les vœux de refuge. Cette conscience et ce respect des représentations sacrées aident à maintenir une attitude de révérence et à ne pas endommager notre lien avec les Trois Joyaux.

LES BIENFAITS DU REFUGE

Les bienfaits de la prise de refuge sont immenses. En prenant refuge, on reçoit une protection contre les peurs et les souffrances du samsara. Ce geste simple mais profond génère aussi un immense mérite, qui soutient notre progression spirituelle. De plus, le refuge nous donne un cadre pour cultiver la foi, la sagesse, et la compassion, et pour avancer sur le chemin de l’éveil.

LA CÉRÉMONIE DE REFUGE

La cérémonie de refuge est un moment solennel où l’on prend un engagement profond de suivre le chemin du Bouddha. Ce rituel est dirigé par un maître spirituel qui nous guide dans la prise des vœux de refuge et, simultanément, des vœux de l’esprit d’éveil (bodhicitta), car dans le Mahayana (le Grand Véhicule), ces deux engagements sont pris ensemble.

 

DÉROULEMENT DE LA CÉRÉMONIE

Devant un support du Dharma (comme une statue ou un texte sacré), on fait la promesse de prendre refuge dans les Trois Joyaux (le Bouddha, le Dharma et la Sangha), ainsi que dans le maître, non seulement dans cette vie, mais dans toutes les vies futures, jusqu’à l’éveil.

Ce moment est vécu comme une prise à témoin de tous les Bouddhas et Bodhisattvas.

Une partie symbolique de cette cérémonie consiste pour le maître qui donne les voeux du refuge à couper une petite mèche de cheveux du disciple. Ce geste représente un abandon symbolique du corps aux Trois Joyaux, signifiant que l’on remet son existence entre leurs mains, comme une manière de dire : « Désormais, vous êtes mes protecteurs et guides ».

Une fois la prise des vœux terminée, le maître nous remet un livret de refuge avec un nouveau nom du Dharma, symbole de notre entrée dans la voie bouddhiste. Nous pouvons choisir de nous faire appeler par ce nom. Ce nom n’est pas ordinaire ; il véhicule les qualités de l’Éveil et représente une bénédiction. Porter ce nom du Dharma est un acte significatif et peut servir de rappel de nos vœux bouddhistes et de notre engagement sur la voie.

 

L’IMPORTANCE DES VOEUX DE REFUGE

Prendre refuge marque un tournant décisif dans la vie spirituelle. À partir de ce moment, toutes les pratiques effectuées avec les vœux de refuge acquièrent une dimension plus profonde, car elles sont fondées sur une confiance totale dans les Trois Joyaux comme refuge véritable.

 

L’ENGAGEMENT DANS LE REFUGE

Cependant, il est crucial de bien comprendre l’engagement pris lors de la cérémonie. Il ne s’agit pas simplement d’un rituel, mais d’une promesse sincère de suivre le chemin du Dharma avec foi et engagement. Prendre les vœux de refuge sans bien comprendre leur signification peut mener à des difficultés, voire à la rupture des vœux, ce qui serait préjudiciable pour la pratique spirituelle.

C’est pourquoi il est recommandé de ne pas se précipiter dans cette décision, mais de prendre le temps de réfléchir à l’engagement que cela représente. La stabilité dans la foi et la pratique est essentielle pour que le refuge soit pris de manière solide et bénéfique.

 

LES PRÉPARATIFS DE LA CÉRÉMONIE

Bien qu’il n’y ait pas de couleur vestimentaire spécifique, il est important de paraître soigné comme signe de respect envers les Trois Joyaux.

Lors de la cérémonie, il est traditionnel d’offrir une kata (écharpe symbolique de respect) ainsi qu’une offrande d’argent, représentant l’accumulation de mérite. Ces gestes renforcent l’engagement pris lors de la prise de refuge et symbolisent le désir de contribuer positivement à la voie spirituelle.

En somme, le refuge est l’acte qui ouvre la porte à la pratique bouddhiste. Il nous connecte aux Trois Joyaux, qui deviennent nos guides et nos protecteurs tout au long de notre voyage spirituel. C’est un engagement qui commence par la foi et se développe à travers une pratique sincère et dévouée. Une fois ces vœux pris, nous devenons un nangpa, un pratiquant qui se tourne vers l’intérieur, sur la voie de l’éveil, avec l’aspiration d’aider tous les êtres à sortir du samsara.

Il est donc nécessaire, à partir du moment où nous nous sommes engagés sur le chemin de la délivrance et sommes devenus bouddhistes, de pratiquer la prise de refuge et d’appliquer les préceptes qui s’y rapportent, sans jamais y renoncer, même au péril de notre vie. On lit dans les sutras :
Qui a pris refuge dans le Bouddha est un véritable bouddhiste laïc. Il n’ira plus jamais chercher refuge en aucune autre divinité. Qui a pris refuge dans le Dharma n’aura plus de pensées malfaisantes. Réfugié auprès de la Sangha, il ne s’associera plus avec les Tirtikas.

Patrul Rinpoche “Le Chemin de la Grande Perfection”

Le maître spirituel

Le rôle du maître spirituel dans le Vajrayana est d’une importance capitale; mais il est essentiel de bien comprendre la nature de ce lien.

Refuge et vegetarisme

Comment s’articulent la prise de refuge et le végétarisme lorsque l’on décide de s’engager sur la voie Bouddhiste ?

Livres essentiels

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Les samaya

Le vajrayana, comme le hinayana et le mahayana, implique des vœux : les samaya, des engagements sacrés liés principalement aux initiations.

Compassion et végétarisme

Dans le bouddhisme tibétain, le végétarisme est une question de compassion et de conscience profonde de la souffrance des êtres sensibles.

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