Tout d’abord, il est important de comprendre que tout ce qui est utilisé pour créer un autel contribue à l’accumulation de mérite. Il est donc souhaitable que cela soit fait le plus correctement possible.

L’AUTEL TRADITIONNEL

Traditionnellement, un autel se compose de deux parties : la partie haute et la partie basse.
La partie haute est réservée, en premier lieu, aux textes, puis en dessous, aux statues, images et stoupas. Elle est protégée par une vitre afin de préserver les supports de la poussière et de la fumée des lampes à beurre. Devant l’autel, diverses offrandes sont disposées, tandis que la partie inférieure sert de rangement pour les affaires liées à l’autel. On y trouve souvent des décorations, telles que les huit signes auspicieux ou les huit déesses d’offrandes, symbolisant des offrandes supplémentaires.
Toutefois, il est également possible d’utiliser une table ou un meuble. Cependant, il faut veiller à ce que ce support ne soit pas trop bas. Il est idéal qu’il atteigne la hauteur de la taille, soit entre 60 et 70 centimètres. À l’arrière, pour éviter de percer des trous dans le mur, on peut placer une planche en contreplaqué recouverte d’un tissu, reposant contre le mur.
Si l’autel n’est pas protégé par une vitre pour le garder propre, il est nécessaire de déplacer régulièrement les supports afin d’enlever la poussière. Utilisez des chiffons propres pour nettoyer les cadres et veillez à ne jamais mettre d’eau sur le visage des statues. Lorsque vous déplacez les différents supports, assurez-vous de les placer en hauteur, en évitant de les poser sur votre lit, canapé, chaise ou directement sur le sol.

CHOISIR LES ÉLÉMENTS DE SON AUTEL

Une petite table ou un meuble : Choisissez selon vos moyens et l’espace dont vous disposez. Assurez-vous que la largeur soit suffisante pour accueillir les sept bols d’eau et l’offrande de lumière.
Une planche en contreplaqué : Elle doit avoir la même largeur que la table et servira de support pour accrocher les photos.
Des cales en bois ou des boîtes : Utilisez-les pour créer deux niveaux.
Le premier étage : Prévu pour les statues, il devrait mesurer environ 10 cm de hauteur.
Le deuxième étage : Destiné aux cadres, il doit avoir une hauteur d’environ 15 cm et reposer contre le contreplaqué.
Les offrandes : Tous les bols, fleurs, lampes, etc., sont posés directement sur la table.
Protection en verre ou en plastique : Installez une protection sur la table pour préserver le bois et le tissu de l’eau et de la graisse des lampes.

HABILLEMENT DE L’AUTEL

Utilisez un tissu, qu’il soit uni ou fleuri, en brocard tibétain ou en tissu brillant indien. Privilégiez des couleurs vives et lumineuses telles que le rouge, le fuchsia, l’orange où le jaune. Un tissu doit servir à recouvrir le support principal, tandis qu’un autre est fixé à l’arrière des représentations. Le tissu constitue à la fois une offrande et un signe de respect envers les supports. Il faut éviter de placer les photos directement sur le mur, mais de les disposer sur un tissu , comme une thangka. On peut décorer le bas de l’autel avec des pulmas qui sont des décorations traditionnelles. En revanche, il ne faut pas accrocher de décorations sur lesquelles sont  inscrits des mantras, ni de représentations d’un double Dorjé. Ce symbole est réservé pour le trône ou les tapis du siège des maîtres.

LES SUPPORTS

Images

Le plus important sur un autel est de placer la photo de son ou de ses maître(s) spirituel(s). Par respect et pour accumuler du mérite, les photos des maîtres et des divinités doivent être encadrées, de préférence dans des cadres dorés, mais jamais noirs. Il est également possible d’ajouter un brocart derrière la photo, dans le cadre, comme offrande. On peut aussi placer les photos des maîtres de la lignée de notre propre maître, même si nous ne les avons jamais rencontrés physiquement. En effet, lorsque l’on se lie à un maître spirituel, on se connecte automatiquement à toute sa lignée de transmission. Ainsi, par la transmission de notre maître, nous recevons toute l’énergie spirituelle et les bénédictions de ses propres maîtres. Il faut aussi veiller à respecter le bon placement des photos, par exemple on ne place pas la photo d’un maître, même s’il s’agit de notre maître racine, au-dessus de ses maîtres,  des bouddhas ou des divinités.

Thangka

Si vous possédez un thangka (peinture de Bouddha ou de divinité entourée de brocart), vous pouvez l’accrocher au-dessus de l’autel. Si vous en avez plusieurs, elles seront disposées selon un ordre précis qui correspond aux trois racines, d’abord le lama, puis le yidam et les dakinis.
Il est important d’avoir une représentation (statue, thangka ou photo) du Bouddha Sakyamouni ainsi que des trois grandes divinités du Tibet (Gang Tchen Lha Soum) : Guru Rinpoché (le second Bouddha), Tchenrezi (le Bouddha de la compassion) et Dreulma, ou Tara (le Bouddha féminin).
Pour les pratiquants, c’est bien d’avoir un support (statue, thanka ou photo) de sa divinité principale, c’est-à-dire son yidam (yi signifiant esprit, et dam signifiant lié ; il s’agit donc de la divinité avec laquelle on lie son esprit).

Statue

Si l’on décide d’acheter une statue c’est bien de choisir le Bouddha Sakyamuni, le Bouddha de notre époque. On peut aussi avoir une thanka du Bouddha Shakyamouni et une statue de Guru Rinpoché surtout si l’on pratique dans la lignée Nyingmapa. Vous pouvez également placer des statues de Dreulma (Tara), Tchenrezi, Sangyé Menla.
Il est préférable de choisir une statue respectant les canons tibétains, c’est-à-dire avec des proportions précises et tout le symbolisme nécessaire. Par exemple, un Bouddha est toujours représenté assis sur un lotus, symbole de pureté, signifiant qu’il se manifeste dans ce monde sans être entaché par les impuretés du samsara.
Lors de l’achat d’une statue, c’est mieux si son visage est peint et les yeux ouverts. Le visage est la partie la plus importante de la statue. Lorsque vous transportez une statue avec un visage peint, il est essentiel de le protéger avec du coton pour éviter tout dommage.
Les statues peuvent être faites de différents matériaux, tels que le laiton (où le visage ne sera pas peint), le bronze, ou le tsa-ser (or). On peut trouver des statues en bronze à des prix accessibles selon leur taille.
L’intérieur d’une statue doit être rempli de mantras et d’autres substances sacrées. Il est nécessaire de demander à un moine ou à une personne ayant reçu la transmission de réaliser cette étape. Après cela, il faut faire bénir la statue par un maître on appel cela le rabné en tibétain. Ce n’est qu’après avoir été remplie et bénie que la statue est prête à être placée sur l’autel. Ces deux étapes terminées la statue ne doit plus être considérée comme un simple objet, mais comme la véritable représentation de la divinité.
Une fois posée sur l’autel, on lui rend hommage par des offrandes et des prosternations. Il est déconseillé de déplacer les statues de l’autel, car cela peut diminuer leur bénédiction. En cas de déménagement, il faut remettre du coton sur le visage pour le protéger. Pour nettoyer le visage, on peut utiliser un plumeau très doux réservé à cet usage, mais jamais d’eau, car cela endommagerait la peinture. Il est également important de protéger les statues avec une vitre ou un film transparent pour les préserver de la fumée des lampes ou des dégradations causées par les insectes.
Si vous ne possédez qu’une seule statue, elle sera placée au centre de l’autel sur un support surélevé (par exemple une boîte) recouvert de brocart ou d’un tissu précieux. Si vous en possédez plusieurs, disposez-les sur des supports surélevés dans l’ordre suivant : lama, yidam, dakini. Par exemple, vous pouvez placer Sakyamuni (lama), Guru Rinpoché (yidam), et Tara (dakini), ou Guru Rinpoché (lama), Tchenrezi (yidam), et Tara (dakini).

LES OFFRANDES

Khata

La khata est une écharpe en soie, souvent ornée des huit signes auspicieux et d’une prière de bon augure. Elle symbolise la pureté et possède une grande valeur spirituelle au Tibet. En signe de respect, il est coutume d’offrir une khata lors de la première rencontre avec un maître spirituel, lors de son départ, ou lorsqu’on reçoit les vœux de refuge. On en offre également au début d’un cycle d’enseignements ou d’une initiation, ainsi que lors de la visite d’un temple ou d’un lieu sacré.
Sur l’autel, on peut les placer autour des thankas ou cadres de photos mais il est important de veiller à ce qu’elles soient bien fixées, car elles peuvent représenter un danger si elles entrent en contact avec les lampes ou les offrandes de lumière.

Offrandes de Bols

Traditionellement on offre deux fois sept bols : sept bols pour les offrandes fixes, appelées Nam nga, et sept bols pour  les offrandes  d’eau quotidiennes.
L’offrande des bols fixes (ngama) sur l’autel est la plus importante. Ces offrandes symbolisent les offrandes des sens et sont indispensables lors des pratiques en retraite.
La récitation des offrandes est effectuée en sanskrit, avec les termes suivants : Argam, Padem, Pupé, Dupé, Aloké, Guendé, Newidé, Shapta, illustrant les différentes offrandes.
La qualité des bols peut varier, allant de simples bols en silex, laiton ou cuivre, jusqu’à des bols en argent. Il n’existe pas de taille standard, celle-ci dépend de la taille de votre autel. Il est cependant déconseillé d’utiliser des matériaux fragiles comme le cristal ou la porcelaine, car les bols sont manipulés et nettoyés quotidiennement, ce qui pourrait les endommager. Il est préférable de choisir des bols avec une ouverture évasée.

Offrandes de “Nam-Na”

Il est essentiel de disposer les cinq offrandes  sur un autel. Ces offrandes, appelées nam-na, sont liées aux cinq plaisirs sensoriels et honorent les Bouddhas et les divinités. Elles symbolisent la purification et la transformation des attachements sensoriels.
Traditionnellement,  sept bols sont disposés alignés (non en cercle), avec un léger espace entre chaque bol, équivalent à la taille d’un grain de riz en position horizontale. Ils restent sur l’autel en permanence, sauf les bols d’eau, renouvelés chaque jour.
Voici leur disposition et leur signification:
    • Argham et Padem: les deux premiers bols sont remplis d’eau pure, symbolisant respectivement l’offrande d’eau pour le bain des pieds et pour se désaltérer. Ces bols sont renouvelés chaque jour.
    • Pupé (offrande de fleurs) : on remplit le troisième bol de riz ou de pierres semi-précieuses, surmonté d’une fleur (en tissu ou en verre), qui représente la beauté visuelle et le sens de la vue.
    • Dupé (offrande d’encens) : le quatrième bol, rempli de riz ou de pierres, contient plusieurs bâtons d’encens. Cet encens symbolise le parfum purifiant qui emplit l’espace, représentant le sens de l’odorat.
    • Aloké (offrande de lumière) : pour cette offrande, on place une lampe électrique ou une lampe à beurre sans utiliser de bol. Elle symbolise la clarté ou la sagesse qui éclaire.
    • Gendé (offrande d’eau parfumée) : le cinquième bol est également rempli d’eau, représentant une offrande purificatrice pour apaiser et purifier, en lien avec le goût.
    • Néwidé (offrande de nourriture) : dans ce bol, on dispose une “chalzée”qui représente la nourriture par excellence. Un joli chocolat ou gâteau peut convenir, pour satisfaire le sens du goût.
    • Shapté (offrande de musique) : le dernier bol, rempli de riz ou de pierres, est surmonté de petites cymbales (tang tchak) ou d’une conque, symbolisant les sons harmonieux qui apportent la joie, représentant le sens de l’ouïe.

      Ces offrandes sont des moyens habiles pour accumuler du mérite et transformer les plaisirs sensoriels en actes de générosité sacrée. Elles restent sur l’autel en permanence, sauf les bols d’eau, renouvelés chaque jour pour honorer les Bouddhas et les divinités avec dévotion.

      De gauche à droite:
        • Les deux premiers bols sont remplis d’eau, que l’on vide et essuie chaque jour. Ils représentent l’offrande d’Argam (eau pour se rafraîchir) et Padem (eau pour se laver).
        • Le troisième bol correspond à l’offrande de fleur, Pupé. Il est rempli de riz en formant un cône, sur lequel on place une fleur bien ouverte en tissu ou un lotus en cristal.
        • Le quatrième bol est l’offrande d’encens, Dupé. Rempli de riz en formant un cône, il supporte plusieurs bâtons d’encens.
        • Le cinquième bol est l’offrande de lumière, Aloké. On y place une petite lampe à beurre, qui peut rester éteinte ou allumée, selon votre choix. Il est indispensable de toujours prévoir une offrande de lumière pour Aloké. Si elle est allumée, il faudra la remplacer régulièrement.
        • Le sixième bol correspond à l’offrande de parfum, Guendé. Il est rempli d’eau, comme les deux premiers bols, que l’on vide et essuie chaque jour.
        • Le septième bol est l’offrande de nourriture, Néwidé. Il est rempli de riz en formant un cône. L’idéal est de placer une shalzé (ou torma), symbolisant une offrande excellente de nourriture. On peut aussi disposer un chocolat.
        • Le huitième bol représente l’offrande de musique, Shapta. Rempli de riz en formant un cône, on peut y ajouter une conque ou des tintchak (cymbales).

        Contrairement aux offrandes d’eau, changées quotidiennement, le riz utilisé dans les bols peut être remplacé une fois par mois, ou au minimum tous les six mois. Il est préférable d’utiliser du riz de bonne qualité, qui pourra être donné aux oiseaux une fois remplacé. Pour éviter la prolifération des mites ou des insectes, on peut mélanger le riz avec du camphre, disponible dans les magasins indiens. On peut aussi remplacer le riz par des pierres semi précieuses.

        Offrande d’eau

        Le second jeu de sept bols est dédié aux offrandes d’eau, une méthode puissante pour accumuler du mérite dans le bouddhisme tibétain. Cette offrande se fait tôt le matin. Avant de commencer, il est important de se laver les mains, par respect, et d’éviter de parler à voix haute ou de postillonner devant l’autel.
        Les bols sont disposés en ligne, parfaitement alignés, avec un léger espace entre chaque bol (l’équivalent de la taille d’un grain de riz). Si vous avez une lampe à beurre ou une lampe électrique, elle est placée après le quatrième bol à partir de la gauche.
        Pour remplir les bols, utilisez une jolie carafe  dédiée à cet usage. Si l’eau est potable, vous pouvez utiliser celle du robinet, mais il est impératif d’offrir une eau pure. L’eau est versée minutieusement, sans déborder, de gauche à droite, et chaque bol doit être rempli presque jusqu’au bord. Pendant l’offrande, on récite le mantra OM AH HOUNG :
        OM : purifie les impuretés de l’offrande,
        AH : transforme l’offrande en nectar,
        HOUNG : la rend incommensurable.
        On visualise que cette offrande réjouit tous les lamas, divinités, dakinis et protecteurs.
        Le soir, les bols doivent être vidés, retournés et séchés. Si vous ne pratiquez pas le soir ou devez vous absenter, vous pouvez déjà vider les bols après midi. Pour cela, l’eau est versée de droite à gauche dans une bassine réservée à cet usage, puis déposée dans le jardin ou dans l’évier. Les bols sont ensuite empilés, les uns chevauchant les autres, et laissés à l’air libre pour que l’eau s’évapore.
        Le matin (ou le soir selon votre préférence), vous prenez un torchon dédié à cette tâche pour astiquer soigneusement les bols. Rinpoché insiste beaucoup sur l’importance de bien astiquer les bols, qui doivent être propres et brillants. Pendant cette tâche, vous pouvez réciter le long ou court mantra de Dorjé Sempa.
        Mantra long :
        OM BENZA SATO SAMAYA MANOU PALAYA BENZA SATO TENOPA TISHTA DRI DHO MEBHAWA SOUTO KHAYO MEBHAWA SOUPO KHAYO MEBHAWA AHNOU RAKTO MEBHAWA SARWA SIDDHI METRA YATSA SARWA KARMA SOUTSA ME TSITTAM SHRI YAM KOUROU HOUNG HA HA HA HA HO BHAGAVAN SARWA TATHAGATA BENZA MAME MOUNTSA BENZI BHAWA MAHA SAMAYA SATO AH
        Mantra court :
        OM BENZA SATO HOUNG.
        Pendant que vous essuyez les bols, imaginez que toutes les fautes et négativités accumulées depuis des vies sont purifiées. Une fois les bols bien astiqués, on ne les laisse jamais vides : le soir, ils sont empilés, et le matin, ils sont remplis d’eau.

        Offrande de lumière

        L’autel ne doit jamais rester sans une offrande de lumière, car la lumière symbolise la sagesse qui dissipe l’obscurité de l’ignorance. Offrir de la lumière permet d’accumuler le mérite et de cultiver les causes pour obtenir un corps bien proportionné et agréable à regarder. Il est également important de ne pas dormir dans le noir total, mais de laisser une petite lumière dans la pièce. Cela est lié au bardo, l’état intermédiaire entre la mort et la renaissance, où la lumière est très intense. Si l’on n’est pas habitué à cette luminosité, on risque de chercher refuge dans l’obscurité, ce qui pourrait entraîner des renaissances dans les états inférieurs.
        L’offrande de lumière la plus méritoire est celle faite avec du beurre, mais on peut également utiliser de l’huile végétale ou une lumière électrique. Cependant, les bougies ou chauffe-plats ne sont pas mentionnés dans les textes traditionnels comme des supports valables.

        Les lampes à beurre tibétaines

        Les lampes à beurre sont fabriquées à partir de laiton, de cuivre ou d’argent, et peuvent être ornées de signes auspicieux. Elles représentent un support authentique pour l’offrande de lumière. À l’intérieur de la lampe se trouve un emplacement pour placer une mèche en coton. La mèche est préparée à partir d’une allumette (le bout rouge placé vers le bas) enroulée de coton. Le coton doit être bien serré, en forme conique avec une pointe fine. La base de la mèche symbolise la stabilité, tandis que le haut représente la sagesse de l’esprit. La hauteur de la mèche doit être en proportion avec celle de la lampe.
        Une fois la mèche en place, on remplit la lampe avec de la graisse de palme liquide, de l’huile végétale ou du ghee. Après avoir préparé la lampe, elle est placée sur l’autel. Avant de l’allumer, on récite OM AH HOUNG trois fois en l’aspergeant d’eau pour la bénir. Ensuite, on allume la lampe et on récite une prière de souhaits et de dédicace pour soi-même et tous les êtres. Cette offrande est considérée comme l’une des plus puissantes pour accumuler du mérite, c’est pourquoi de nombreux Tibétains offrent au moins une lampe chaque jour.
        Une fois allumée, la lampe ne doit jamais être éteinte. Si les conditions sont dangereuses (par exemple risque d’incendie), il est possible de laisser la lampe remplie sur l’autel sans l’allumer, et de l’allumer un jour où l’on reste chez soi. Si plusieurs lampes sont présentes, elles peuvent être disposées sur l’autel et une seule allumée à la fois.

        Lampes à huile indiennes

        Les lampes à huile indiennes, bien que courantes à La Réunion, ne sont pas le support le plus approprié pour les offrandes de lumière. Elles possèdent une vis à l’intérieur qu’il faut retirer pour y placer la mèche en coton. Bien qu’elles soient moins idéales que les lampes tibétaines, elles restent une alternative accessible pour offrir la lumière.

        Lampes électriques

        Dans certains temples, l’offrande de lampes électriques est aussi pratiquée. Tout comme les lampes à beurre, il est recommandé de choisir un support esthétique, comme une lampe en forme de fleur de lotus. Ces lampes peuvent rester allumées jour et nuit sur l’autel. Les lampes à sel ne sont  pas considérées comme un support approprié pour l’offrande de lumière.

        Offrande d’odeur

        L’encens représente une offrande de senteur destinée aux divinités et aux maîtres. En offrant de l’encens, on crée le mérite qui conduit à posséder un corps qui diffuse un parfum agréable. Cette pratique d’offrande d’encens est également un moyen de purification, tant pour les offrandes sur notre autel que pour nous-mêmes.
        L’offrande d’encens est principalement réalisée le matin, après avoir rempli les bols d’eau. On allume un bâton d’encens et, d’un geste gracieux, on le fait passer en mouvement circulaire devant tous les supports, telles que les statues et les photos, puis devant les bols d’eau et les lampes. Pendant ce geste, on peut réciter le mantra de l’interdépendance :
        OM YE DHARMA HETOU TRABHAWA HETOUN TEKHEN TATHA GATO HAYA WADATE TEKHEN TSA YO NIRO DHA EWAM WADI MAHA SHRAMA NAYE SO HA, ou simplement OM AH HOUNG.
        L’encens est ensuite déposé horizontalement dans une boîte rectangulaire où il pourra se consumer complètement. Cette boîte doit être placée sur le sol ou légèrement surélevée devant l’autel, mais pas directement sur celui-ci. Pour s’assurer que l’encens se consume entièrement, il est recommandé de déposer au préalable une fine couche de cendres au fond de la boîte. On peut aussi utiliser une pourdre d’encens que l’on dépose sur le baton d’encens.

        LES OFFRANDES SUPPLÉMENTAIRES

        Le mandala

        Le mandala peut être placé au centre de l’autel, sur un petit support. Il représente l’offrande de tout l’univers aux maîtres, aux divinités et aux bouddhas.
        Un mandala se compose d’une base, de trois anneaux et d’un joyau (norbu en tibétain). Il peut être rempli de riz blanc (sec) ou safrané, de pierres semi-précieuses ou de graines (riz, blé, orge, lentilles rouges), selon les moyens de chacun. Chaque étage doit être généreusement rempli. Une fois le mandala monté, il est placé sur l’autel. On peut également ajouter des bijoux et des malas en turquoise ou en nacre autour, comme offrandes supplémentaires. Dans les temples, il est traditionnel d’y déposer un billet en offrande.
        Le mandala est toujours offert au maître avant de recevoir une initiation ou le premier jour d’un cycle d’enseignement.

        Pierres précieuses

        Les pierres précieuses peuvent également être utilisées comme offrandes sur l’autel. Elles sont considérées comme des représentations de la beauté et de la pureté, contribuant à l’accumulation de mérite.

        Les fleurs

        Nous pouvons aussi disposer des vases contenant des fleurs en tissu aux deux extrémités de l’autel. Il est recommandé de choisir des fleurs ouvertes et sans épines dans des tons rouge, rose, jaune ou orange. Dans les autels traditionnels, on trouve souvent un vase avec un bouquet rouge à gauche et un vase avec un bouquet jaune à droite, symbolisant l’harmonie et la diversité des offrandes. On peut aussi faire des offrandes de fleurs naturelles lors des jours de dutchen, soit dans un vase, soit dans les bols d’eau.
        En résumé, un autel est un endroit sacré pour rendre hommage aux supports du refuge à travers diverses offrandes et pratiques vertueuses. Il doit être un lieu de beauté, suscitant respect et dévotion. Un bon signe est lorsqu’une personne, en le voyant, s’exclame : “Oh, qu’est-ce que c’est beau !” Un tel autel doit émaner un sentiment de pureté et de beauté spirituelle, tout en étant une source d’inspiration pour ceux qui l’observent, créant ainsi un environnement propice à la pratique et à l’accumulation de mérite.

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